« J’AI TROUVÉ LA VERTICALE
PAR MES SINUS » ÉLODIE
(2011)
Conception et direction Marika Rizzi
Interprétation et improvisation Élodie Escarmelle
Son Gaspard Guilbert
Ce solo est la continuation du projet précédent « Workaholic – dedicated to be », une recherche dans laquelle l’écoute dans un état d’immobilité permettait d’entrer en contact avec les mouvements internes. L’enjeux de la suite avec Élodie était de maintenir cette posture d’observation intime en tant que phase de préparation, dans le but d’entrer ensuite dans l’improvisation avec un calme olympien. Le désir était aussi d’atteindre un état d’attention qui puisse aider à identifier et répertorier les différentes moments de l’improvisation, en termes de ressenti et des choix prises en temps réel. À la fin du solo Élodie allait à une table, une serviette autour du coup telle une grande sportive et racontait ce qui s’était passé pour elle; exactement comme le font les sportifs après un match ou une performance, même ton et même récit au style factuel, après tout improviser relève de l’exploit, n’est pas ? On se disait qu’il était temps d’écouter l’expérience des danseur.ses avec le même sérieux qu’on accorde à celle de sportifs de haut niveau. J’adorais le contraste entre la figure d’Élodie (je lui trouvais un air d’Isabelle Rossellini) et l’image d’un joueur de tennis ou de football … sans créer de hiérarchie … tout va bien entre Isabelle et M.Balle ! Pendant la période de recherche on avait décidé de nommer ce qu’on traversait, les phénomènes qui nous interpellaient de façon particulière. C’est comme ça qu’un soir je vois Élodie ce lever de sa position assise et annoncer «j’ai trouvé ma verticale par mes sinus». Le solo avait trouvé aussi son titre, j’aimais l’idée qu’il puisse expliciter de quoi il s’agissait plutôt que d’en résumer le concept. Quant à la danse d’Élodie, il faut en faire l’expérience. Élodie est très grande, ses bras et ses jambes sortent de l’ordinaire et son énergie est calme, incontestablement «release». La combinaison des deux qualités fait que le temps que ses membres prennent pour se déployer dans l’espace devient le temps d’un ailleurs. Partager l’espace du mouvement avec Élodie m’a toujours donné la sensation de bouger dans de la ouate, c’est très particulier et très plaisant, le termes approprié est « softness ». Sa présence et son geste ont le potentiel de transformer la consistance de l’air environnant en un espace d’accueil et de confort, un espace où le système sympathique a l’occasion de côtoyer et de glisser doucement vers son voisin para(sympathique).
DATES
Mai 2012 | Festival Stranger than Fiction – Siobhan Davies Studio, Londres