PRATIQUER L’INCONNU  INVENTER LE PRÉSENT  (PI-IP)

(2022-23)

Conception : Marika Rizzi


Avec la participation de toute personne qui croise ce projet et désir y contribuer.

 

Pratiquer l’Inconnu – Inventer le Présent est un projet né suite à l’épisode de Covid 19. La situation de crise dans laquelle notre quotidien est plongé depuis la pandémie nous pose à l’endroit de l’inconnu et de l’inédit. Cette période au caractère unique est paradoxale puisque elle a contraint chacun.e à une forme d’isolement autant qu’elle a apporté un sens nouveau, parce que entier, à la notion du collectif. Le nous de ces derniers années n’a clairement pas la même portée que celui d’avant la crise.

PI-IP s’adresse en premier lieu à cette identité rafraÎchie, à ce commun que nous formons. Cela vient expliquer la formulation au pluriel adoptée pour parler de ce projet, il est d’emblée pensé au pluriel, pour plusieurs.
PI-IP désire inventer des nouvelles façons de créer, et de transmettre. Il est basé sur des pratiques de composition et des processus de création qui font appel à diverses méthodologies (partitions, hasard…), dans le but de rafraîchir, voire dynamiser, la relation à l’action, artistique ou pas.
PI-IP rassemble des façons de faire d’artistes issu.es principalement du domaine de la danse et de la recherche en mouvement, mais pas exclusivement, dont les pratiques ont gardé un caractère expérimentale. Le langage principale sollicité pour questionner l’ensemble de ces pratiques est le mouvement.
PI-IP est un projet volontairement polymorphe dans le sens adaptable puisque il interroge notre capacité de « faire avec » (les autres, ce qu’on a, ce que notre curiosité nous indique, ce qui se présente).

 

PS : Les photos dans la galerie d’images font suite à la résidence de recherche qui a eu lieu au CCN de Roubaix en Septembre 2022. Avec les complices de recherche, Agnès Benoît et Françoise Rognerud, nous avions questionné le lien avec la ville et l’habitat. Photos F. Rognerud

DESCRIPTIF

PRATIQUER L’INCONNU – INVENTER LE PRÉSENT (PI-IP) est
un projet artistique et pédagogique
un appel adressé à soi et aux autres
un élan vers l’ici et de suite
un désir d’innocence
une envie insoutenable de faire faire faire pour enfin contraster le flou, le mou, l’instabilité à laquelle nous avons été suspendu.es collectivement, pour contraire les incertitudes dont on ne peut pas envisager la fin sans se sentir fragilisé.es.

Créer donc, y aller en se frottant les mains et en retroussant les manches pour s’adonner à des tâches concrètes et précises, pour suivre des directions claires mais qui laissent de la liberté et du choix, pour arpenter des chemins imaginaires nouveaux, sans prédire la forme que ça peut prendre.

Réfléchir et étudier les possibilités ensemble, faire un avec d’autres sans s’oublier ni oublier les autres, s’amuser à penser différemment, à faire autrement, à renverser le sens commun pour découvrir, défaire et s’amuser à refaire sans suivre la logique établie.

Dé… dé… dé… tout ou presque pour re… re… re… tout ou presque.

PI-IP invite à jouer avec des partitions, c’est à dire : se donner un cadre pour l’action avec des directions qui clarifient ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. La notion de contrainte surgit mais elle n’a pas un goût amère elle soulage plus qu’elle n’inhibe puisque souvent c’est grâce à elle que la surprise émerge.

Inventer donc, des nouvelles façons de faire, faire de l’invention le moyen pour fabriquer de nouveau repères en se surprenant mutuellement de ce qui n’avait pas été imaginé en amont.

Converger les imaginaires pour multiplier les issues possibles, collaborer pour hybrider les points de vues, échanger pour varier les perceptions sur les choses, être à l’écoute pour affiner l’ouï de la pensée collective.

Ensemble enfin, pour faire, construire, bouger.

Pourquoi des partitions ?
« Parce que une partition n’est pas tournée vers un but, elle est tournée vers l’espoir. Elle est tournée vers un déroulement et non vers une chose » (Lawrence Halprin).

Si le processus est au cœur de PI-IP, l’observation est la posture qui l’accompagne.
Agir.
Observer.
Apprendre.

Parce que une partition est inclusive, chacun.e contribue au processus, c’est le cadre d’action qui dirige et il est dépourvu de jugement, on s’éloigne joyeusement du couple binaire et obsolète du bien & mal.
Créer.
Collectif.
Idéalisme (pas utopie).

Parce que « les partitions nous mettent face au possible, les buts nous mettent face à l’impossible » (Fritz Perls).
Explorer.
Découvrir.
Intégrer.

Une partition indique ainsi quoi faire et pourquoi mais pas comment faire qui reste, lui, au choix de chaque participant.e.
Une partition dévoile son procédé, elle le rend manifeste en le mettant au partage.
Performer à partir d’un mode « partitionnel » signifie donc rendre le public complice puisqu’on lui offre les clés de lecture de ce qui se joue.

PRATIQUER L’INCONNU
La notion de pratique est investie en tant que modalité pour l’action.

Il s’agit de s’exercer, de se familiariser avec l’idée de devoir faire face à ce que nous ne connaissons pas. L’inconnu demande à être apprivoisé, il nécessite une posture d’ouverture et de disponibilité particulière qui puisse éloigner le sentiment d’insécurité et de peur d’échouer.

INVENTER LE PRÉSENT
Notre temps présent est habité par cet inconnu, il ne s’inscrit plus dans une continuité en relation au passé, certaines références ne sont plus valables et il est urgent de créer des nouveaux repères.

L’invention s’insère à cet endroit, elle intervient pour imaginer des formes alternatives et de nouveaux agencements avec nos habitudes, notre regard et nos gestes les plus simple.

NOTE D'INTENTION

La composition instantanée et l’improvisation, au cœur du projet PI-IP font partie de ma démarche artistique et chorégraphique. Je fais usage de partitions pour contenir mon geste et donner une direction, une qualité à ma danse.
Les procédés proposés dans ce projet font déjà partie de mon univers artistique, en cela cette étape représente un prolongement de mon approche. J’ai pu côtoyer la plus part des pratiques proposées grâce à une transmission directe de la part des artistes qui les ont créées; c’est donc à partir de mon expérience personnelle que ce projet a été élaboré, et non pas d’une approche exclusivement théorique.
Le désir de rassembler diverses méthodes et d’en faire l’objet central d’un projet collectif s’est manifesté avec le besoin que je ressens de devoir changer de paradigme, mon propre fonctionnement, opérationnel jusqu’à là, risque de ne plus être adapté à la situation qui suivra celle actuelle.
La nécessité de me laisser surprendre davantage, de découvrir de nouvelles façons de faire et de bâtir d’autres modalités, en poussant plus loin celles déjà en place, est une manière pour investir autrement le réel, de m’y rapporter avec un regard nouveau, de forcer des passages à l’intérieur de ma propre pratique et surtout d’interagir avec l’imaginaire d’autres personnes.

DATES

26 – 30 Septembre 2022 | Résidence de recherche et d’échanges au Centre Chorégraphique National Roubaix Hauts-de-France – Sylvain Groud, dans le cadre d’accueil studio.
Avec la participation de Mylène Benoît et de Françoise Rognerud qui rejoignent ces tous premiers pas de la recherche.

 

 

Production

ass. SPONTé

Avec le soutien du Centre Chorégraphique National Roubaix Hauts-de-France – Sylvain Groud