WORKAHOLIC*

Dedicated to be

(2007-2008)

Avec : Marie Bardet, Carla Bottiglieri, Lorena Dozio, Elodie Escarmelle, Eve Girardot, Marika Rizzi

Son : Samon Takahashi

Workaholic est un projet qui pose question. On m’a demandé l’intérêt de montrer des personnes assises en posture de méditation, de nommer cela performance, alors qu’il ne se passe pas grande chose, fatalement. Mes réponses transitaient et ne s’écartaient pas du fait que j’ai une fascination intemporelle pour cette activité, dans le sens que je ne me lasse pas de regarder des gens en position méditative, ça me fascine. Le mystère qui s’en dégage, la profondeur en même temps que la simplicité, la vulnérabilité associée à une forme de puissance, c’est une suspension magique. Dans Workaholic il s’agissait de s’appuyer sur cette posture pour aller visiter les micros activités internes, de les identifier pour les amplifier ensuite. Laisser le mouvement se déployer à partir de ces micro sources. La qualité du geste qui en découlait était très fluide et dense, d’un calme imperturbable et j’aimais beaucoup ça, j’aimais le ressentir autant que le regarder, observer la finesse de cette attention millimétrique chez les autres. Les personnes avec qui on avait commencé cette recherche étaient formidables, impossible de les définir autrement. Leur maturité et solidité permettait de maintenir la ligne directrice du projet qui était tout de même fragile. Chacune de nous était très autonome dans la façon d’investir cet espace dont les marges se laissaient difficilement définir. Je pense que singulièrement on avait une relation différente avec la posture et le geste d’assise et cela était une richesse. Pour moi Workaholic est arrivé suite à un moment difficile où la méditation s’était imposée comme antidote, elle m’a aidé à tenir en équilibre quand une série de choses avaient été bouleversées. C’était un rempart face aux évènements. Je voyais cette dimension transposée aussi à l’échelle sociétal tel un acte de résistance face à l’acceleration générale, un frein à une course effrénée. Peu importe le temps qui s’est écoulé, à cet égard Workaholic semble être toujours d’actualité. 

*personne qui ressent un besoin compulsif de travailler.

DESCRIPTIF

WORKAHOLIC est une performance-installation qui interroge l’état de présence, autant des performeuses que des spectateur.trices.
WORKAHOLIC désire déplacer l’attention, autant qu’elle l’active.
WORKAHOLIC se pose, c’est se poser, non pas dans une attente mais dans un posture.
WORKAHOLIC est une posture, non pas de retrait mais de pause centrée, d’observation.
WORKAHOLIC est un appel à la suspension, de volonté, d’action, de négation, non pas de réflexion.
WORKAHOLIC ne crie pas, ne bouge pas, pourtant n’est pas immobilité, pourtant est affirmation.
WORKAHOLIC expose la fragilité, la force, la poésie, la simplicité de l’être là.
WORKAHOLIC questionne sans juger, ralentit sans s’arrêter, se détache sans s’absenter.
WORKAHOLIC est un geste alternatif, est un geste de résistance, est un geste simple.

En reprenant la posture d’assise propre au geste de méditation la performance s’inscrit à la frontière de l’installation plastique : le corps immobile devient « objet » d’observation de l’extérieur pour le.la spectateur.trice et lieu d’exploration de l’intérieur pour les performeuses. En réalité ce n’est pas tant un objet que l’on observe mais plutôt une image et une sensation que l’on reçoit. En questionnant la relation au temps et à l’activité, cette proposition offre un moment de réflexion et sollicite la sensibilité de chacun.e face à un vide apparent. La posture de méditation véhicule une façon d’être, ici elle devient un acte constructif de prise de conscience et de mise à distance par rapport à une série d’attitudes. WORKAHOLIC défend ce temps de silence et d’immobilité comme nécessaire, et peut-être vitale aujourd’hui où les notions d’efficacité et de surproduction demeurent souveraines. La non-action volontaire en réponse à l’action matérielle. Maintenir l’immobilité les yeux fermés dans un espace public revient également à accepter de se rendre vulnérable, d’abandonner un système de défense pour adhérer à une dimension de confiance et de suspension collective.

DATES
Juin 2009 | Fêt’Art, Pontault Combault
Juin 2010 | Les Moulins de Paillard, Poncé s/ le Loir. 
Novembre 2011 | Point Ephémère, Paris

Production

SPONTE’

Partenariat

MJC Pontault Combault – Point Éphémère, Paris