LES PERMANENCES D’ARTISTE

Les Moulins de Paillard est un lieu étonnant situé à Poncé sur le Loir dans la Sarthe. Papeterie d’abord pour ensuite accueillir de la production de céramique, le bâtiment du XVIIIe siècle jouit depuis dix ans d’une troisième vie, cela grâce à Shelly De Vito et James Porter. Le couple originaire de New York a investi les lieux en 2010 avec un projet visionnaire qui célèbre l’art contemporaine dans ses diverses expressions. Des expositions, des concerts, des performances et des résidences d’artistes se déroulent toute l’année à côté d’un marché locale, d’un café associatif, d’ateliers de couture … bref à Paillard l’art côtoie le quotidien; tout ça dans le plus grand souci de ne pas séparer mais de faire converger l’exigence d’un lieu dédié à l’art avec la poétique digne de vrais rencontres. Cela n’est pas une menace mais bien une promesse, le jour où on pousse la promenade jusqu’aux Moulins de Paillard on comprendra ce que je veux dire.
En tout cas … je connaissais Shelly & James depuis plus de dix ans quand j’ai reçu leur proposition de résidence. J’ai accepté avant d’entendre les attentes et les conditions, ravie de collaborer avec des personnes qui m’inspiraient pour leur unicité et de contribuer à leur projet un peu fou (faut dire parce que les conditions au début et pendant longtemps auraient pu faire désister même les plus déterminé.e.s).
La première chose qui s’est manifesté en pensant à mon rôle d’artiste associée c’était le désir de rencontrer le public de Paillard, l’image de l’artiste fantôme qui travaille isolée du contexte ne me ressemble pas vraiment. L’idée des Permanences est née de cet élan. En lien avec Sundance qui était déjà programmé chaque dernier dimanche du mois, j’allais occuper une des salles d’exposition, accompagnée d’une sélection de livres, d’un cahier pour écrire et un autre pour dessiner, ce qui m’a permit d’ailleurs de développer des drôle de graphismes basés sur un procédé précis que je transpose au geste. Les visiteurs et visitatrices de l’exposition étaient fort obligé.e.s de remarquer ma présence, cela aurait été leur choix de s’arrêter pour me rencontrer, ou pas. Et c’est comme cela que ça s’est passé. À chaque fois je dansais en leur demandant d’écrire des mots, avec certain.e.s j’ai proposé de l’écriture automatique ou des lectures de quelques passages. À savoir que les bouquins que j’avais avec moi parlaient quasi tous à la première personne, ce qui me permettait de jouer avec la fiction d’un « je » qui n’était pas moi.
Lors de ma résidence j’ai repris également Soli d’air, un projet avec les habitants qui avait donc commencé en Janvier et Février 2020 avant que quelque chose d’un peu gros se passe et ne vienne l’interrompre. Le dimanche 27 Septembre 2020 Soli d’air a pu honorer sa clôture avec une jolie restitution dans le parc de Paillard.

L’oeuvre sur la photo est de Ferenc Grof

l’association les moulins de paillard