OBJET D.

(2006)

Conception et interprétation Marika Rizzi

Création images et vidéo : Vidal Bini

Son : Vidal Bini et Matthieu Burner

Avec la participation de Caroline Allaire

 

La visite du musée juif de Berlin avait été le point de départ pour ce solo. C’est l’architecture du bâtiment et plus particulièrement la structure du re-de-chaussé qui m’avait inspirée. Presque rien y était exposé, l’espace invitait néanmoins à la déambulation pour se déplacer dans les différents espaces. Un long couloir en pente amenait à une petite salle très haute avec juste une ouverture taillée dans le ciment et en hauteur, une fois l’énorme porte fermée aucun bruit pénétrait à l’intérieur assurant la sensation d’isolement, d’anxiété aussi. D’un autre espace arrivait un son plutôt strident qui devenait de plus en plus perçant au fur et à mesure qu’on s’y approchait. On était invité à marcher sur des pierre dont le frottement provoquait le bruit. Attentive au son c’est seulement une fois au milieu de cette surface à piétiner que je m’apercevais qu’on marchait sur des galets ronds représentant des visages la bouche ouverte. Encore une sensation autrement insoutenable émergeait de cette expérience. La rangée de stèles très hautes dans le jardin était devenue un véritable labyrinthe puisque j’y avait perdu ma fille, alors que l’organisation spatiale était plutôt linéaire. J’étais sortie de cette visite avec mal à la tête, ma fille au ventre. Je réalisais après que pas un mur était droit dans cette partie du bâtiment, pas d’angles à 90°, les fenêtres étaient également coupées en biais. Les repères grâce auquel le système nerveux se stabilise, rien que par habitude, étaient modifiés, de façon presque imperceptible mais certainement opérante. J’ai eu donc envie d’interroger les sens et de chercher le moyen de les perturber, de bousculer mes repères, pas tant pour retrouver un malaise mais pour solliciter d’autres perceptions, chez moi et chez le spectateur. Cela passait en premier par quitter le plus possible la verticale, ou la «mettre à mal». L’usage de la vidéo comme seul éclairage allait « pixeliser » la peau et l’image. Quant aux vidéos projetées l’envie était de les faire bouger et les faire apparaître de façon inattendue. Le travail autour de l’image avait été réalisé par Vidal Bini qui le gérait ensuite sur le plateau avec le logiciel interactif Isadora. L’habileté et le sens artistique de Vidal avaient été plus que précieux, l’écoute aussi, collaborer avec lui c’est apprendre plein de choses et en plus il a toujours une solution à tout, une vrai resource. J’ai le souvenir du plaisir pris à filmer les objets, à tordre des tissus pour leur donner un mouvement étrange, à choisir des groseilles pour leur couleur exceptionnelle, l’esthétique du solo tendait à la surexposition avec des couleurs proches du pop art, mais plus acidulés. L’idée pour ce travail était d’arriver à en faire un objet étrange dans lequel le corps dansant s’exposait en se rendant en même temps peu visible et reconnaissable; souvent entrecoupé par la lumière, accompagné par des images qui envahissaient la scène, jouer avec des rythmes changeants, arriver à créer des éléments de lecture différents et inusuels qui puissent amener à une sorte d’irréalisme.

 

 

DATES

Août 2006 | Dock11, Berlin

Avril 2007 | Festival Coreografo elettronico, Palais des Arts (PAN), Naples

Mai 2012 | Kanjiza, Serbie

Production SPONTÉ

Partenariat : Dock11, Berlin