Basée sur des pratiques de composition et des processus de création qui font appel à diverses méthodologies (partitions, hasard…), cette proposition entend rafraîchir, voire dynamiser, la relation à l’action, encore une fois artistique ou pas. PI-IP rassemble des façons de faire d’artistes issus principalement du domaine de la danse et de la recherche en mouvement, mais pas exclusivement, dont les pratiques ont gardé un caractère expérimentale qui peut être adapté à divers contextes.

Il s’agit donc d’activer des procédés créatif pour alimenter la réflexion et l’inventivité des étudiants afin d’élargir et de potentialiser le champ de leurs recherches respectives, de collaborer et imaginer collectivement des nouveaux modes opérationnels.

Le langage sollicité pour expérimenter l’ensemble de ces pratiques est le mouvement, en suivant Simon Forti « nous pensons différemment lorsque nous sommes en mouvement ». Cela implique l’usage et la lecture de l’espace, le rapport au temps, l’évaluation d’une situation dans son articulation entre individu-communauté-espace, faire des choix individuellement pour contribuer à une configuration globale.

Une autre dimension du projet prévoit la construction d’objets divers avec l’usage de matériaux variés. L’aspect de fabrication intervient pour concrétiser la collaboration entre les participant.es, pour donner matière et forme à l’action collective qui sera constamment engagée. Cela peut représenter la fabrication de sculptures plus or moins grandes, d’objets et d’outils dont la fonction sera à inventer, de sortes d’habitats, de paysages … Ces actions fonctionnelles peuvent entièrement représenter l’enjeux d’une performance ou s’intégrer à des compositions dansées.

L’attention pendant les ateliers sera porté davantage sur le processus que sur le résultat. L’enjeux est en effet tourné vers l’effort d’invention des nouvelles habitudes et façons de faire, de développer la capacité à multiplier les points de vue et enrichir le regard et les perceptions sur les choses, enfin d’étendre la pensée de ce qui est considéré comme étant possible, ou pas.

J’ai pu côtoyer la plus part des pratiques proposées grâce à une transmission directe de la part des artistes qui les ont créées ; c’est donc à partir de mon expérience personnelle que ce projet a été élaboré, et non pas d’une approche exclusivement théorique.

Les interventions seront organisées autour d’une introduction théorique et explicative pour donner le cadre contextuel qui a favorisé l’émergence du procédé abordé, suivie d’une mise en jeu physique et pratique de l’approche analysée.

L’intention n’est pas tant de reproduire littéralement une méthode mais plutôt de s’en inspirer. Comprendre les tenants et les enjeux pour là aussi en inventer des variantes et en extraire des éléments pour les adapter à la demande spécifique.

Enfin, en cohérence avec les propos du projet, il est question d’adopter une approche expérimentale et critique de ces pratiques : respecter leur caractère ouvert à la recherche et à l’observation des formes produites, tout en réactualisant leur application.

Dans cette proposition l’approche du corps et du mouvement se base sur les principes du “Contact Improvisation”(C.I.). Le C.I. est une pratique corporelle basée sur la communication et l’écoute entre deux corps, dans cette forme de dialogue le touché est fondamentale et permet une approche établie sur la communication et sur la confiance.
L’idée de proposer cette pratique à des jeunes s’inscrit en effet dans le sens de l’échange et du soutient réciproque, à la connaissance et à la confiance que la présence de l’autre a le pouvoir d’apporter. Bouger en contact avec un partenaire aide à acquérir une conscience plus profonde de sa propre corporéité et amène à une formulation plus affinée de sa propre image en relation à l’autre et à l’espace.

– appréhender le corps de l’autre :
établir un contact, créer la confiance: contrôle de soi – respect du partenaire – écoute, ressenti, collaboration. Le touché est le moyen le plus direct et le plus simple pour établir une relation et un échange basé sur la confiance et sur la collaboration. Le contact avec la peau permet d’accéder à l’espace sensoriel de chacun et potentiellement d’abandonner éventuels résistances. On insiste sur le fait que dans ce type de dialogue et d’échange nous sommes tous égaux et qu’écoute et coopération sont donc nécessaires.

De plus, travailler avec un partenaire permet de développer le sens de la responsabilité de soi et de l’autre; évoluer en même temps à l’intérieur d’un groupe active la concentration et la conscience.

Dans ce sens le C.I. est une pratique qui permet aussi l’intégration d’enfants et des jeunes socialement en difficultés, c’est à dire des personnes à mobilité réduite ou encore des personnes socialement « non-reconnus ».

Travailler physiquement en posant la collaboration comme condition essentielle signifie se mettre à l’épreuve de façon constructive et sans doute cela facilite la relation.

LES OBJECTIFS EN DÉTAILS :

Commencer par un passage au sol dédié à la relaxation, ceci dans le but de visualiser la structure du corps et d’analyser ses appuis qui peuvent être différents entre les deux côtés – droit et gauche. On peut favoriser l’observation de la structure interne du corps en imaginant le voyage d’une petite lumière qui le traverse en suivant les os de la tête aux pieds et remonte ensuite; ou encore en invitant le corps à se détendre plus lors de chaque expire, etc…
Relâcher les tensions musculaires aide à accéder à un état de disponibilité et de tranquillité.
Porter l’attention à la respiration de façon à ralentir son rythme et à la rendre plus profonde.

– Approfondir la connaissance anatomique du corps:
squelette, muscles, organes : leur fonction corporelle en relation au mouvement,
une grande importance est donnée à la colonne vertébrale et à ses extrémités : atlas et coccyx.
Travailler en activant la relation avec sa propre structure osseuse et ses muscles avec des massages augment la sensation d’être présents, d’exister concrètement. Agir sur le corps avec les mains, stimuler la peau et les muscles, utiliser le sol comme appui et support sûr pour abandonner son propre poids, tout cela aide à se rapprocher de la réalité de manière naturelle tout en communiquant protection et sécurité.

– Affiner l’attention envers les perceptions et les sensations :
Considérer ce que l’on ressent en tant que source fiable. Cela encourage à faire confiance en ses propres actions et permet d’agir en fonction de ce qui est juste pour soi.
Les perceptions sont la base de la connaissance et de l’imaginaire individuels.

– Travail sur les lois physiques du corps tel que le poids :
conscience et gestion de son propre poids et de celui du partenaire,
réception du poids de l’autre à travers des exercices d’échange de poids et de contrepoids, selon l’âge de l’enfant.
relation: gravité/poids – pesanteur/légèreté – apesanteur.

– Notion de responsabilité de soi et des autres :
soulever, recevoir, guider quelqu’un dans un mouvement à deux développe le sens de la responsabilité en plus de l’habileté physique.
Ces deux éléments – responsabilité, habileté – aident énormément à consolider la confiance en soi et dans les autres.
L’exercice de guider quelqu’un dans l’espace aide à réaliser ce que signifie se rendre responsable de la sécurité d’une personne et pose la question de comment arriver à gagner la confiance de cette dernière.

– Sens de la communauté, notion du partage :
savoir gérer ses propres mouvements avec la conscience des autres et de l’espace, s’auto – gérer,
nourrir sa propre danse à partir de ce qu’on ressent autour de nous dans le temps présent, de façon à être toujours en liaison avec l’extérieur.

– Liberté d’expression :
attentes, expériences et envies nourrissent l’activité expressive de chacun, guidé par des indications précises, le geste se manifeste dans la liberté la plus totale et de façon absolument personnelle.

Un temps d’échange est inclus à la fin de chaque séance pour partager les expériences de chacun, étape importante pour pouvoir avancer ensemble.